Sur le littoral, les conditions de vie sont caractérisées par:
un sol sablonneux et mobile en front de mer
la présence de sel et d'embruns
le vent
une forte luminosité
la pluie et aussi de la sécheresse en raison du sol sablonneux qui ne retient pas l'eau et du soleil.
En conséquence, les herbes seront :
-
Xérophiles
: qui aiment la sécheresse
- Anémophiles
: qui aiment le vent
- Arénicoles
: qui vivent dans le sable
- Héliophiles
: qui aiment le soleil
- Halophiles
: qui aiment le sel
Ces "gros" mots ne sont pas utilisés ici pour épater le lecteur de passage, mais surtout car ils sont très utilisés dans les flores que le botaniste occasionnel a souvent en poche.
La plage et l'estran
Des algues microscopiques, rien de végétal bien visible à l'œil nu, mais de nombreuses laisses de mer : algues, coquillages, déchets divers déposés par la mer.
La Dune embryonnaire
Le cakilier maritime
Le chiendent des sables
La soude épineuse
Le pourpier de mer
Cakilier maritime (Cakile maritima)
Le
cakilier maritime aussi appelé coquillier maritime ou roquette de
mer, (Cakile maritima, famille des crucifères).
Le sel ne
fait pas peur à cette plante de la famille du chou, qui pousse sur
les débris apportés par la mer, juste à la limite de la marée
haute. Les feuilles sont épaisses et luisantes. Elle est fréquente
en bord de mer. Ses graines peuvent être transportées par la marée
pour germer ensuite sur une autre plage. Le cakilier dépasse
rarement les 30 cm, battu qu'il est en permanence par les vents.
La
floraison apparaît pendant toute la durée de l'été et se prolonge
jusqu'à la Toussaint. Les fleurs à quatre pétales sont blanches,
légèrement rosées ou violacées. Les graines apparaissent après
la floraison dans des sortes de gousses.
Le Chiendent des sables (Elytrigia juncea)
En front de mer, avec le cakilier, se trouve le chiendent des sables. C'est une herbe vivace, en touffe de 25 à 50 cm. Il possède des feuilles fines de 6 mm. C’est le premier obstacle qui arrête le sable poussé par le vent sur la plage. Principal artisan de la dune embryonnaire, sa disparition mettrait en péril toute la zone dunaire qui ne supporte pas le contact direct avec la mer. Il prépare le terrain pour l’oyat qui arrive juste derrière lui et supporte moins bien les embruns salés. Plus petit que ce dernier, en touffes moins denses, le chiendent se reconnaît à son épi plus fin, où les graines alternent à gauche et à droite. Ses racines qui forment un rhizome, peuvent atteindre plusieurs mètres de longueur et retiennent le sable. Tout comme l’oyat, il résiste très bien à l’enfouissement. Le sel, transporté par les embruns, ne le dérange pas. Il trouve sa nourriture dans les déchets organiques déposés par la marée haute dans les laisses de mer.
La Soude brûlée (Salsola kali)
Vous
pourrez rencontrer la soude brûlée en bordure de plage, à la
limite de la ligne de marée haute, principalement du côté de
l'Abri côtier. C'est une plante caractéristique de ce milieu ; elle
s'installe volontiers sur la dune embryonnaire. En effet, elle ne
craint pas les embruns et elle apprécie un sol contenant du sel. En
revanche, elle n'est pas très appréciée des baigneurs, car ses
feuilles allongées se terminent par des épines. On l'appelle
d'ailleurs parfois soude épineuse. Généralement peu élevée, elle
s'étale. Les pieds peuvent avoir 60 à 80 cm de large.
Autrefois
elle était récoltée puis brûlée. De ces cendres on obtenait de
la soude qui entrait dans la composition de savons ou était utilisée
dans l'industrie du verre. Son nom scientifique salsola kali le
rappelle -du latin : salus : salé et de l'arabe al quili : potasse-.
Le Pourpier de mer (Honckenya peploides)
Le
pourpier de mer aussi appelé honkénie faux pourpier est la première
plante vivace à s'installer avec le cakilier, en front de mer, à la
limite supérieure des marées. Ses tiges rampantes ont la capacité
de s'enraciner au niveau de leurs noeuds, ce qui facilite son
expansion et sa résistance à l'ensevelissement. Elle ressemble à
une plante grasse avec ses feuilles charnues.
La floraison
intervient de mai à juillet. Sur le platier, on la rencontre en
abondance à l'est sur les espaces gazonnés à proximité des
vasières.
Elle doit son nom au botaniste allemand Honckeny (1724-1805).
La Dune Blanche
L'élyme des sables
L'euphorbe maritime
Le cirse lancéolé
Le liseron soldanelle
L'oyat
Le panicaut maritime
Le pavot cornu
Le séneçon jacobée
L'Elyme des sables (Leymus arenarius)
L'Elyme
des sables, parfois aussi appelée seigle de mer ou grand oyat,
partage avec lui le même habitat. Elle est beaucoup plus rare que
l'oyat lui-même au platier. Vous la trouverez en quelques stations,
du côté de l'abri côtier et du "fer à cheval".
Une
de ses caractéristiques essentielles réside dans ses feuilles
larges de plus d'un centimètre, raides, enroulées vers l'extrémité.
Comme l'oyat, ses racines se développent en un long rhizome
rampant et vigoureux.
Cette plante est une espèce protégée sur
l'ensemble du territoire français.
L'Euphorbe maritime (Euphorbia paralias)
Vous
la trouverez au platier sur la dune blanche, en bordure de la dune
embryonnaire.
Les racines de la plante s'enfoncent très
profondément dans le sable, pour trouver l'eau nécessaire à sa
survie.
Les tiges contiennent un liquide (latex) blanc,
visqueux, toxique, irritant au contact de la peau. Elle était
utilisée en médecine populaire en application contre les
verrues.
Cette toxicité n'arrête pas pour autant la chenille du
sphinx de l'euphorbe qui l'adore au point d'en avoir fait sa
nourriture quasi exclusive. Cette chenille aux couleurs chatoyantes
peut atteindre 8 cm. Sa superbe livrée décourage les prédateurs
qui y voient le signe d'un goût infect... et donc la respectent.
Elle se transforme ensuite en un papillon assez terne aux ailes
antérieures brun grisâtre et aux ailes postérieures roses,
mesurant 64 à 78 mm d'envergure.
Le Cirse lancéolé (Cirsum vulgare)
Moins prolifique que son cousin le cirse des champs, il figure néanmoins en bonne place sur la liste des " mauvaises herbes ". Peu difficile pour ce qui concerne le sol, il s'installe un peu partout, friches, terrains vagues, bords de chemins ou prairies pâturées. Vous pourrez donc le rencontrer au hasard d'une promenade en bord de pré, mais aussi sur le côté d'un sentier dans la dune à fourrés. C'est une plante très commune, robuste et fortement épineuse. Ses tiges sont hérissées d'aiguilles et dissuadent le promeneur et la plupart des animaux de la couper ou de la manger. Elle doit son qualificatif "lancéolé" à la forme de ses feuilles qui rappellent une pointe de lance.
Le genre cirsium compte 250 espèces, présentes dans l'hémisphère nord. Le nom vient du grec "kirsos" qui veut dire "varice". En effet les chardons étaient réputés soigner ces dernières.
Le chardon est l'emblème de l'Ecosse. On raconte qu'en 1010, alors que des Vikings essayaient de conquérir l'Ecosse, ils voulurent attaquer, de nuit, le château de Stains. Pour ne pas faire trop de bruit, ils enlevèrent leurs chaussures. Bien mal leur en a pris car en sautant dans un fossé qui était à sec, les malheureux tombèrent sur des chardons.
La suite est facile à imaginer. Alertée par les cris de douleur des assaillants, la garnison fit face avec vigueur. Le château ne fut pas pris et le chardon devint un emblème national.
Le Liseron des sables (Calystegia soldanella)
Le liseron de mer est aussi appelé liseron soldanelle, liseron des sables ou liseron des dunes. On le trouve dans la dune blanche, souvent au pied de plants d'oyats en associatin avec les chiendents et les euphorbes paralias. Les racines en rhizome rampant s'enfoncent jusqu'à 1,50 m de profondeur. La tige est couchée ou rampante à même le sol et atteint 50 cm. Les feuilles arrondies sont charnues et en forme de rein. Les fleurs ont une corolle ouverte en trompette de 5 cm de longueur, à cinq raies blanches, sur un long pédoncule. Elles sont souvent solitaires, parfois par deux. La floraison a lieu de juin à août.
L'Oyat (Ammophila arenaria)
L'oyat
est la plante caractéristique de la dune blanche. Il pousse en
touffes compactes.
Il fixe le sable grâce à ses racines qui
constituent un réseau important.
Ces racines forment un rhizome
traçant, d'où partent de nouvelles touffes.
La plante est assez
fragile. Elle ne supporte pas bien l'action du vent et encore moins
le piétinement des marcheurs ou le passage de motos.
Elle est
aussi sensible au sel et ne se retrouve donc pas en première ligne
sur le front de mer.
L'oyat est une graminée aux épis allongés
en forme de fuseau.
Les feuilles sont effilées vers leur pointe
et enroulées sur elles-mêmes, ce qui limite l'évaporation,
protégeant ainsi la plante de la sécheresse. Précision importante
pour le promeneur : les feuilles sont particulièrement coupantes
pour les doigts, si l'on n'y fait pas attention. L'oyat est utilisé
pour fixer la dune depuis le XIXème siècle. Il est fréquemment
replanté pour protéger des zones fragilisées de la dune blanche.
Ces zones sont alors interdites d'accès, le temps que la plante
fasse son travail de fixation.
Le Panicaut maritime (Eryngium maritimum)
Ce
joli "chardon* bleu" est une espèce caractéristique de la
dune blanche. Le Conservatoire de l'Espace Littoral et des Rivages
Lacustres en a fait son emblème. Il est aussi connu sous les noms
suivants : chardon bleu, chardon des dunes, chardon maritime ou
encore panicaut maritime.
Menacée par des cueillettes
excessives, la plante est maintenant protégée : plus question de
couper quelques fleurs pour agrémenter vos bouquets secs.
Vu son
habitat très particulier (sols sablonneux légèrement salés), son
aire de répartition est limitée ; présente sur les côtes, elle
est très rare en Europe centrale.
Le panicaut fleurit de juin
à octobre. En hiver, ce cousin de la carotte vit sur les réserves
accumulées dans sa forte racine, qui peut atteindre jusqu'à 2 ou 3
m de profondeur. Elle permet aussi à la plante de résister au vent
et de trouver de l'eau en profondeur aux périodes les plus chaudes
et sèches de l'année. Par son système racinaire, le panicaut
contribue comme l'oyat à fixer la dune.
* Le terme de
chardon est utilisé par abus de langage, en effet le panicaut n'est
pas un chardon... Il n'appartient pas à la famille des Astéracae
(ex composées) où l'on trouve les chardons, mais à celle des
Apiaceae (ex ombellifères) où l'on trouve les carottes.
Le Pavot cornu (Glaucium flavum)
Le
pavot cornu est visible sur la réserve, près de l'endroit appelé
"fer à cheval". Il semble s'être installé ici récemment.
Cette plante affectionne les graviers et les sables littoraux, mais
aussi la chaleur. Elle se retrouve aussi dans les lits des rivières
méditerranéennes asséchées l'été. Alors qu'on peut la
rencontrer sur les côtes atlantique et de la Manche, sa présence
chez nous, face à la mer du Nord, est rare.
On l'appelle aussi
glaucienne ou pavot jaune.
De la famille du coquelicot et du
pavot, la fleur en a l'apparence mais pas la couleur. Comme eux, la
plante contient des alcaloïdes. Le suc laiteux orangé, qui coule
dans les tiges et les feuilles, la protège des herbivores.
Après
la floraison, on voit apparaître de grands fruits caractéristiques,
recourbés, qui peuvent atteindre une vingtaine de centimètres et
qui ont inspiré le nom de pavot cornu.
Le Séneçon jacobée (Senecio jacobaea)
Le
séneçon jacobée, herbe de Jacob ou fleur Saint-Jacques doit son
nom à sa période de floraison : autour de la Saint Jacques, le 25
juillet. Séneçon, vient en revanche du latin "senex" qui
signifie vieillard, ceci en allusion à ses fruits sous la forme de
petits "plumeaux" blancs comme les cheveux ou la barbe des
vieillards.
Le séneçon jacobée forme une rosette de
feuillage la première année puis s’élance en hauteur pour étaler
ses jolies fleurs d’un jaune vif, l’année suivante.
Il
affectionne particulièrement l'humidité du climat maritime. Il
tolère une ombre légère, mais pousse mieux dans des lieux ouverts.
Il est particulièrement commun dans les lieux à faible concurrence
végétale, comme les pâturages surexploités et les dunes. Les
racines sont mycorhizées par des champignons, qui améliorent
probablement la nutrition de la plante dans les sols pauvres ou en
présence d'une concurrence végétale.
Il est toxique pour le
bétail, car il contient des alcaloïdes qui ne sont pas en eux-mêmes
toxiques, mais qui s'oxydent dans le foie. Ces alcaloïdes provoquent
à long terme des insuffisances hépatiques et la mort. Les chevaux
et les bovins sont les plus menacés.
La Dune Grise
Le cynoglosse
Le bec-de-grue
La bugrane maritime
Le céraiste diffus
La fléole des sables
L'orpin brûlant
La pensée de Curtis
La tortule
Le Cynoglosse (Cynoglossum officinale)
Le
cynoglosse aime bien le terrain sablonneux de la dune. On peut le
rencontrer au bord des sentiers, dans la dune à fourrés et en
bordure de la dune grise.
Cette plante doit son nom à la forme
allongée et lancéolée de ses feuilles. En effet cynoglosse nous
vient du grec et veut dire "langue de chien". Puisque nous
en sommes à la rubrique "animale", profitons en pour
mentionner aussi son odeur de souris.
Elle est bisannuelle.
Le premier printemps elle se signale par une large rosette de belles
feuilles un peu molles. Ensuite la plante prend de la hauteur et des
grappes de fleurs rouges, lie de vin, se développent en juin et
juillet principalement.
A l'automne et l'hiver suivant, la plante
desséchée est encore présente au bord des chemins. Les fruits
hérissés de fines épines crochues s'accrochent aux vêtements.
Le cynoglosse a aussi quelques applications médicinales, il
calme les toux sèches et nerveuses. Parfait calmant et sédatif, il
procure aussi un bon sommeil.
Le Bec-de-grue (Erodium cicutarium)
Ce
petit géranium s'appelle "bec-de-grue" ou "bec-de-cigogne"
ou encore "Erodium à feuilles de ciguë". Toutes ces
appellations font référence à la forme des fruits, qui rappellent
un bec de grue, de cigogne ou de héron (en grec, erôdion désigne
le héron). Cette petite plante est présente sur les pelouses de la
dune grise. Là, elle dépasse rarement les 15 cm.
Les fleurs
apparaissent à partir d’avril et sont visibles jusqu’en
septembre. Elles sont roses à rose pâle et ont cinq pétales. Un
long pédoncule porte une inflorescence de type ombelle, où sont
groupées 2 à 8 fleurs. A sa base, des petites bractées brunes et
pointues sont visibles.
Les feuilles sont velues, hérissées et
colorées en rouge. Celles inférieures sont disposées en rosette
facilement reconnaissable, même en dehors de la période de
floraison.
Dans les jardins, le bec-de-grue est considéré comme
une mauvaise herbe.
La Bugrane rampante (Ononis repens)
La bugrane fleurit de juin à septembre. C'est une plante caractéristique de la dune grise. On la retouve souvent en compagnie du gaillet jaune et de la fétuque. Elle est commune sur la réserve et on la reconnaît facilement. Elle dépasse rarement les 20 cm de hauteur et forme des tapis assez denses. Ses tiges rameuses portent parfois des épines et sont comme les feuilles, couvertes de poils collants.
Son appellation scientifique vient du grec onos, âne, et onémi, délecter : plante qui plaît aux ânes.
On l'appelle aussi communément "arrête boeuf". Ses tiges résistantes passent pour être capables d'arrêter la charrue.
Le Céraiste diffus (Cerastium duffusum)
Avec
les premiers jours du printemps arrive le céraiste diffus, petite
plante que vous pourrez croiser sur les pelouses rases en bordure des
sentiers à l'est de la réserve ou en compagnie de la mousse tortule
sur la dune grise. Pour l'admirer de près, il vous faudra vous
mettre à quatre pattes, car elle est très basse, tout comme le
saxifrage à trois doigts et la drave printanière qui fleurissent à
la même période.
Elle se retrouve sur toutes les côtes de
la mer du Nord de l'Angleterre à la Norvège. Les Anglais l'ont
baptisée sea
mouse ear, oreille
de souris de la mer... peut-être en référence au duvet de poils
qui tapisse ses petites feuilles.
Les
pétales blancs sont bifides, c'est-à-dire qu'ils sont partagés en
deux. On rencontre des fleurs à 5 et à 4 pétales.
Les
céraistes tiennent leur nom du grec "kerastès"
qui signifie corne, par allusion à la forme des fruits.
La
confusion est possible avec le céraiste à cinq étamines,
(Cerastium
semidecamdrum)
répertorié aussi au platier, et qui affectionne lui aussi les sols
sablonneux. Seul un botaniste averti muni d'une loupe peut identifier
avec certitude l'un et l'autre.
La Fléole des sables (Phleum arenarium)
On
utilise parfois l'orthographe suivante : Phléole des sables.
Herbe
en petites touffes, que l'on va principalement trouver sur la dune
grise, souvent en compagnie du vulpin à une seule glume (Vulpia
fasciculata). Occasionnellement, elle est l'hôte du côté le plus
protégé de la dune blanche.
En
France, elle est localisée essentiellement sur tout le littoral,
mais on peut la renconter plus rarement à l'intérieur des terres,
sur des terrains sablonneux.
Les racines, fibreuses, sont peu
profondes ; ainsi cette graminée s'arrache-t-elle facilement. Pas
sur la réserve, bien entendu !!.
Le Sedum âcre (Sedum acre)
Le
sedum âcre est un champion du changement d'identité. Jugez plutôt
: le gaillard est aussi appelé orpin âcre, orpin brûlant, orpin
réfléchi, petit poivre, poivre des moines, poivre des murailles,
poivre sauvage, vermiculaire, gazon d'or et enfin sedum âcre. A la
fin du printemps ses fleurs jaune vif donnent des couleurs à la dune
grise.
Sa capacité à résister aux milieux les plus arides
est étonnante.
Autrefois plante médicinale, elle était
utilisée contre les cors et les durillons. Elle est en réalité
très irritante, d'où ces appellations "poivre",
"brûlant".
La pensée de Curtis (Viola saxatilis subsp. Curtisii)
Voici un des trésors des dunes du Nord Pas-de-Calais. De 5 à 15 cm de hauteur, la pensée de Curtis fleurit d’avril à septembre. Celui qui n’a pas peur de se baisser pourra admirer ses couleurs délicates qui passent du violet foncé à un tendre pastel rehaussé d’une tache jaune vif en son centre. C’est une plante des pelouses des dunes côtières, elle préfère les endroits un peu frais et assez pauvres en humus, sur les pourtours des dépressions arrière dunaires ou au bord des chemins.
Elle se fait assez rare sur le platier, son espace vital étant à certains endroits grignoté par l’avance inexorable des argousiers. C’est à l’ouest de la plage du Casino, en limite ouest de la réserve que l’on a le plus de chance de la rencontrer. On peut en trouver de manière plus abondante un peu plus à l'est sur le littoral, dans les dunes côtières entre Dunkerque et Bray-Dunes.
L’espèce essentiellement présente dans le Nord Pas-de-Calais et un peu sur le littoral de la Somme est protégée au niveau national.
La Tortule (Syntrichia ruraliformis)
La
tortule (tortula ruraliformis) est très commune sur la dune grise.
Celle-ci lui doit même son adjectif : grise.
En effet la
tortule devient grise en absence d'humidité. Un peu de pluie et le
changement est radical, en quelques secondes, voire instantanément,
la mousse reprend une couleur verte jaune très éclatante. Cette
capacité à reverdir s'appelle la reviviscence.
Juste après la dune blanche, elle contribue à fixer la dune sur un sable stabilisé. Elle affectionne les terrains légèrement calcaires. Elle est pionnière, c'est en effet une des premières plantes à s'installer sur la lisière de la dune blanche. Comme toutes les mousses, elle ne développe pas de racines et reste très fragile. Elle supporte mal le piétinement.
La Dune à Fourrés
L'argousier
L'aubépine
La bryone dioïque
L'églantier
La morelle douce amère
Le troène
Le sureau noir
L'Argousier (Hyppophae rhamnoides)
Originaire
d'Europe et d'Asie, l'argousier (Hippophae rhamnoides) appartient à
la famille des éléagnacées. C'est un petit arbre épineux aux
branches gris-brun, haut de 1 à 3m. Il se développe en gros
buissons impénétrables, ses épines sont redoutables. Les feuilles
sont caduques, alternes, simples, brièvement pétiolées,
lancéolées, gris-vert à la face supérieure et gris argenté à la
face inférieure. Il est dioïque, c'est-à-dire qu'il y a des plants
mâles et des plants femelles. Les fleurs unisexuées sont jaunâtres.
Les fleurs mâles sont réunies en petits chatons, les fleurs
femelles sont solitaires. Les fruits (drupes) orange sont ovoïdes et
ont un noyau dur qui contient la graine. Ils apparaissent en automne
et restent sur les branches dépouillées, servant de garde manger
aux oiseaux pendant l'hiver. Ils sont extrêmement riches en
vitamines C et E, carotène, acides aminés et minéraux.
Cet
arbuste, qui fleurit en avril ou en mai, se plaît aussi tout
particulièrement dans le sol sableux du bord de mer. Il est peu
exigeant, pourvu qu'il ait du soleil et que le sol contienne du
calcium. Mais il ne supporte pas la concurrence et ne peut se
développer à l'ombre d'autres arbres. On le trouve souvent parmi
les cailloux au bord de torrents, dans les endroits pierreux et
arides, depuis la mer jusqu'à la montagne.
Au platier,
régulièrement, l'argousier est envahi de "nids" soyeux de
chenilles. Il s'agit des chenilles du bombyx cul brun, qui donneront
un petit papillon de nuit blanchâtre. Attention, on ne touche pas !
Les chenilles sont couvertes de poils particulièrement
urticants.
Pratiquement toutes les parties de l'argousier sont
utilisées : baies, graines, feuilles et écorce dont on tire huile,
jus et extraits. Plus de 200 produits différents sont fabriqués à
partir de l'argousier, dont des produits pharmaceutiques, des
produits cosmétiques, des tisanes, des aliments pour animaux, des
boissons santé et pour sportifs, des aliments (confitures et
gelées), des boissons, des teintures, des friandises, des liqueurs.
Il n'en a pas toujours été ainsi : le nom scientifique de la plante
(hippophae) vient du grec et signifie tue-cheval, les Anciens
considéraient le fruit comme toxique.
En Chine, on fabrique des
boissons à partir de la baie. Elles étaient même le "breuvage
officiel" des athlètes chinois lors des Jeux Olympiques de
Séoul. En URSS, le fruit faisait partie du régime des cosmonautes
et on en a fait une crème protégeant contre les radiations
cosmiques.
Attention cependant, tout ce qui est rond et rouge dans un buisson d'argousier n'est pas à coup sûr le fruit de ce dernier - qui d'ailleurs tire sur l'orangé - . La bryone peut, avec ses fruits rouges et toxiques tromper le promeneur non averti qui en sera quitte, en cas d'ingestion, au mieux pour des dérangements intestinaux, au pire des douleurs abdominales violentes et des lésions bucco-pharyngées...
L'Aubépine (Crataegus monogyna)
L'aubépine
est un arbrisseau buissonnant et épineux de 2 à 4 m de haut en
moyenne. Le tronc au bois très dur est recouvert d'une écorce lisse
et gris clair quand elle est jeune, puis fendillée et brune ensuite.
Ce tronc se divise en nombreux rameaux hérissés de fortes épines.
L'arbuste se plaît en terrain ensoleillé. Il est fréquent dans les
haies et colonise les terres abandonnées.
Ses feuilles caduques
sont lobées et de couleur vert brillant. Elles apparaissent avant
les fleurs.
Les fleurs odorantes, de couleur blanche ou
légèrement rosée, sortent dès le début du printemps en petits
bouquets. L’arbuste est alors entièrement blanc.
Les fruits
sont des petites drupes ovoïdes rouges, appelés "cenelles".
L'aubépine est dans certains endroits menacée par une
maladie qui jaunit les feuilles, appelée le feu bactérien.
La Bryone dioïque (Bryonica dioica)
Aussi
appelée navet du diable, rave de serpent, vigne blanche, fausse
coloquinte, vous trouverez la bryone enroulée parmi les branches
d'argousier.
Cette longue plante grimpante s'accroche sur les
rameaux grâce à des petites vrilles qui s'enroulent autour des
branches. C' est une liane qui a des pieds de deux sortes, les uns
mâles avec des fleurs stériles, les autres, femelles, avec des
fleurs qui donnent des fruits. Les fleurs femelles comportent une
boule verte (pistil) au-dessous des pétales. Les fleurs mâles sont
un peu plus grandes, à 3 étamines jaunes.
Attention, méfiez
vous de cette plante particulièrement toxique. Le centre anti-poison
de Lille nous décrit les signes cliniques suivants en cas
d'ingestion :
-
lésions bucco-pharyngées avec hypersalivation et soif.
-
douleurs abdominales violentes, diarrhée, fièvre, crampe,
somnolence, délire.
Au Moyen-Âge, on sculptait des formes humaines dans les épaisses racines de bryone, qui jouaient le même rôle que celles de mandragore, réputées pour leurs propriétés magiques.
L'Eglantier (Rosa canina)
L'églantier
est un arbuste commun de 2 à 3 m de hauteur, aux longues branches
arquées et épineuses, présent dans les haies, sur les bords des
chemins et dans les terrains vagues. Au platier, on le trouve, dans
la dune à fourrés, avec le sureau, les ronces et le troène.
C'est
un rosier sauvage ; les fleurs, à 5 pétales blancs ou roses, sont
discrètement odorantes. Il est facile à reconnaître, grâce à sa
floraison et ses fruits.
Ce fruit est le "cynorrhodon".
Il se compose d'akènes très durs et velus (poil à gratter),
enfermés dans une coque charnue, rouge vif à maturité. Il est très
riche en vitamines (C en particulier) et est utilisé pour faire des
infusions. Les Grecs croyaient aux vertus des fruits contre la rage.
Ils l'appelèrent "cynorrhodon" : ronce des chiens.
Parfois, il apparaît sur les branches d'églantier une
touffe de filaments de 3 à 5 cm, qui se développe à partir d'un
bourgeon. Il s'agit d'une galle commune appelée "bédégar",
formée par le développement d'un hyménoptère (Cynipidae). Les
femelles déposent au printemps des oeufs dans un bourgeon fermé.
Pendant l'hiver, les larves se développent, puis se métamorphosent.
Les adultes sortent au mois de mai.
Autrefois, on attribuait à
ces galles de nombreuses vertus ; elles ont été utilisées contre
les troubles digestifs et les affections urinaires.
La Morelle douce-amère (Solanum dulcamara)
La
douce-amère est aussi appelée morelle grimpante, herbe à la
fièvre, crève-chien ou vigne sauvage. Grimpante, vous la trouverez
au platier essentiellement dans la dune à fourrés, en bordure de
sentier.
Les fleurs, de forme étoilée, sont petites (10 à 20
mm) avec une corolle constituée de 5 pétales de couleur violette,
laissant apparaître des étamines jaunes. Elles sont regroupées en
cymes.
Cette plante de la famille de la tomate et de la pomme
de terre fleurit de juin à septembre.
Elle donne un petit
fruit très toxique. D'abord vert noir puis jaunâtre, il devient
rouge à maturité.
Le Troène (Ligustrum vulgare)
Le
troène commun est très présent dans les fourrés de la réserve.
Il ressemble aux variétés latifolium et japonicum, taillables à
merci, qui ont été très utilisées pour réaliser les haies
ornementales de nos jardins. Les feuilles de notre exemplaire sauvage
(Ligustrum vulgare) sont plus longues et effilées, légèrement
coriaces. Leur face supérieure est vert sombre et brillante, leur
face inférieure vert clair. Elles persistent une partie de l'hiver.
Les fleurs sont blanches et ont quatre pétales soudés
en entonnoir. Leur parfum douceâtre est entêtant et se répand dans
les fourrés en début d'été. Il attire les abeilles et autres
insectes.
A l'automne des grappes de fruits noirs remplacent
les fleurs. Ces baies, toxiques pour l'homme, provoquent des troubles
digestifs en cas d'ingestion. Autrefois elles ont été utilisées
pour fabriquer de l'encre.
Le Sureau noir (Sambucus nigra)
Cet
arbuste à feuilles caduques est très fréquent dans la dune à
fourrés et dans la dune boisée. En mai et juin, les fleurs en
ombelles attirent quantité de butineurs : abeilles, syrphes,
mouches, papillons. Son bois est léger et très riche en moelle bien
connue pour les expériences sur l'électricité statique que l'on
pratique au lycée. On tirait de sa souche un bois dur ressemblant au
buis.
Les branches et troncs morts sont fréquemment colonisés
par des champignons appelés oreilles de Judas.
Autrefois cette plante était une véritable
armoire à pharmacie à elle toute seule. Un cataplasme ou une
infusion de feuilles de sureau pouvait semble-t-il guérir les
inflammations oculaires, les maux de tête, les infections à
champignons, l'eczéma, les foulures, les bleus, les hémorroïdes,
les malaises à l'estomac, les tumeurs, les enflures, les brûlures,
les coupures et bien d'autres.
Plus sérieusement, on fait
avec les fruits d'excellentes confitures. Heureusement pour les
passereaux du Platier la cueillette est interdite sur la réserve, ce
qui leur laisse des vitamines à venir picorer avant l'hiver.
Enfin,
pour essayer d'être complet sur cet arbuste les feuilles peuvent
servir à confectionner un purin biologique qui permet de combattre
le mildiou et les pucerons. La recette est simple : il faut laisser
macérer 1 kg de feuilles pendant quelques jours dans 10 litres
d'eau. Beaucoup d’intérêts donc pour cet arbuste très commun !
Les Prairies
Le panicaut champêtre
Le petit cocriste
Le Panicaut champêtre (Eryngium campestre)
Avec
ses feuilles coriaces, le panicaut champêtre ou chardon roland
s'adapte très bien aux sols secs. On le confond souvent avec un
chardon alors qu'il n'appartient pas à la même famille : astéracées
(ou composées) pour les chardons , apiacées (ou ombellifères,
comme la carotte) pour notre panicaut. C'est un parent du panicaut
maritime. Il bénéficie du statut de plante protégée
régionalement, même en dehors de la réserve sa cueillette est donc
interdite. Au platier, vous le trouverez en bordure de sentier, le
long des pâtures. Ce n'est pas une plante caractéristique du milieu
dunaire, mais elle a trouvé ici des sols secs qui lui conviennent.
Ses racines peuvent atteindre la profondeur de 2 m.
C'est
une plante épineuse à tiges très ramifiées et raides de 25 à 50
cm de haut. Elles sont entourées de bractées épineuses. Les fruits
sont couverts d'écailles imbriquées.
Le Petit cocriste (Rhinanthus minor)
Le
petit cocriste est aussi connu sous le nom de rhinanthe crête de coq
ou cocriste vrai.
Le nom rhinanthe vient de la forme de la fleur
qui rappelle un nez - en grec : rhino veut dire nez et anthos, plante
-
C'est une plante annuelle, fréquente sur l'est du site,
qui pousse dans la réserve en bordure des pâtures.
Elle a la
particularité d'être hémiparasite, c'est à dire qu'elle prélève
de la sève sur d'autres plantes - généralement des graminées -.
Les feuilles sont opposées, leur bordure est dentée. Les fleurs
sont en corolle à deux lèvres avec un tube à la base. La lèvre
supérieure porte deux dents, souvent de couleur bleue ou violette.
Elles sont regroupées en épi terminal surmonté de bractées. Elle
doit à ces bractées l'appellation crête de coq.
La Dune Boisée
Les Vasières et les Prés Salés
L'aster maritime
La bette maritime
Le chénopode rouge
Le glaux maritime
La lavande de mer
L'obione
L'obione pédonculée
La renoncule de baudot
La salicorne
La samole de Valérand
Le statice à deux nervures
Le sueda maritime
L'Aster maritime (Aster tripolium)
L'aster maritime, aux fleurs aux couleurs délicates, n'est pas présent en grand nombre sur le platier. Il affectionne pourtant les terrains salés et on peut le rencontrer en septembre dans la partie Est de la réserve en compagnie de la lavande de mer, qui arrive à cette période, elle, en fin de floraison. Il est présent en France sur toutes les côtes et aussi de manière ponctuelle et exceptionnelle en Lorraine, là où il y du sel.
Dans
notre région, on le rencontre en grande quantité aux Hemmes de
Marck à l'ouest du platier. Quelques exemplaires s'accrochent aussi
sur les jetées du port de Dunkerque et les salines de Fort-Mardyck.
Malgré cette répartition clairsemée et sa présence assez
rare, l'aster maritime n'est pas une espèce protégée.
En automne, quand la floraison est terminée, les graines, munies d'une aigrette restent longtemps accrochées à la plante. Le vent se charge ensuite de les disséminer.
La Bette maritime (Beta vulgaris susbs maritima)
La bette maritime aime bien avoir les pieds dans un sol salé. On la trouve, souvent solitaire, en limite des laisses de haute mer, un peu partout sur le platier. Elle est plus commune en méditerranée que sur la côte atlantique, sans toutefois être rare. Ce serait à partir de cette espèce, que l'on a obtenu la betterave à sucre et les autres betteraves cultivées.
Tout est bon dans la bette maritime :" La racine des betteraves sauvages, toujours blanche, est souvent assez charnue pour être intéressante. Sa saveur est généralement très sucrée, à condition de l'utiliser assez rapidement après la récolte. On la consommera crue, râpée dans les salades ou cuite. Si elle est ligneuse au centre, on pourra la cuire, puis la passer au moulin à légumes pour en faire une purée. Les feuilles forment un excellent légume sauvage. Comme chez les betteraves cultivées, on peut les manger crues ou cuites d'innombrables façons."* Bien sûr, vous ne pourrez tester vos talents culinaires sur les bettes de la réserve, toute cueillette étant naturellement interdite.
Le Chénopode rouge (Chenopodium rubrum)
Le
chénopode rouge est une plante commune près de la mer. Comme tous
les chenopodaceae (salicornes, bette maritime, sueda...) c'est une
plante qui est adaptée pour supporter la sécheresse et le sel. Ses
feuilles sont légèrement charnues et lui permettent de stocker
l'eau.
De la même famille que les épinards, elle peut se
consommer en lui appliquant les mêmes recettes.
La plante
peut atteindre près d'un mètre, cependant elle n'est pas toujours
dressée et peut se ramifier dès la base.
Le nom de chénopode vient du grec et veut dire patte d'oie (chenos = oie, podos = pied).
Le Glaux maritime (Glaux maritima)
Le glaux maritime est une petite plante que l'on rencontre sur les côtes de l'hémisphère nord. En France, il existe aussi quelques rares stations en Auvergne, autour de sources d'eau salée. En effet le glaux aime bien le sel, ses petites feuilles charnues témoignent de son adaptation à cet élément.
C'est une plante caractéristique des prés salés, elle se situe sur des terrains, qui ne sont que très rarement recouverts par les grandes marées d'équinoxe.
A la fin du mois de mai, la floraison donne une jolie couleur rose aux dépressions de l'arrière dune.
La Lavande de mer (Limonium vulgare)
La lavande de mer, aussi appelée immortelle bleue, saladelle commune, lilas de mer ou statice commun aime bien avoir les pieds dans un terrain salé. On la trouve à l'est de la réserve, au bord des vasières, dans des espaces où la mer n'arrive que lors de très grandes marées. Les fleurs qui apparaissent en juillet et août apportent des touches bleu "lavande" dans le paysage. C'est une plante familière des côtes et des estuaires ; elle se plaît dans un sol un peu vaseux et le sel ne l'effraie pas. Vivace, elle est recherchée comme fleur décorative dans les bouquets secs. Attention néanmoins ! Sur le territoire de la réserve toute cueillette est interdite. Des graines sont vendues chez les pépiniéristes, qui permettent à tout un chacun d'en planter dans son jardin et d'en faire ce qu'il veut.
L'Obione (Halimione portulacoides)
L'obione
ou halimione faux-pourpier est un petit arbrisseau de 30 à 60 cm de
hauteur. Elle est aussi appelée arroche pourpière, arroche faux
pourpier ou encore obione faux pourpier .
Vous la trouverez
au platier, à l'est de la réserve, dans le secteur des vasières.
Elle voisine avec la salicorne et, comme elle, peut également être
utilisée à des fins alimentaires.
En effet, les feuilles de
cette plante maritime ont une saveur salée agréable. Elles sont
très bonnes, ajoutées crues dans les salades.
L'Obione pédonculée (Halimione pedonculata)
Promeneurs,
attention où vous mettez les pieds ! S'il ne devait y avoir qu'une
plante pour justifier la présence d'une réserve au platier, ce
serait celle-là. En effet, l'obione pédonculée est une plante très
rare que l'on ne rencontre plus en Europe du Nord Ouest que dans
quelques stations très ponctuelles. En France, quatre localisations
sont connues : estuaire de l'Authie, Fort vert, platier d'Oye et baie
du Mont Saint Michel. L'espèce est en très forte régression depuis
les années 60. A l'époque, on pouvait encore la rencontrer près du
Tréport, en baie de Somme et aussi entre Gravelines et Dunkerque à
l'emplacement actuel du complexe sidérurgique d'Arcelor.
Elle
appartient à famille des chénopodiacées, tout comme la salicorne,
les arroches, la bette maritime. Elle partage avec ces plantes un
goût pour les terrains salés. Elle s'installe en limite de la ligne
des marées hautes, au fond des estuaires, des baies ou de pannes
dunaires ouvertes à la marée. Sur le platier, on la retrouve à
l'est, au fond des mares asséchées, qui se retrouvent recouvertes
par la mer quelquefois par an. Elle s'installe en compagnie de la
salicorne, de la bette maritime, du limonium vulgaire et aussi du
plantain corne de cerf. Elle aime bien les espaces ouverts, où elle
ne subit pas une concurrence trop forte d'autres plantes.
C'est
une plante basse de 15 cm de hauteur, les plus grands spécimens
peuvent atteindre les 30 cm. Les feuilles sont oblongues, vertes et
gris argenté. Elle se reconnaît surtout bien, en septembre et
octobre, par les fruits très curieux qu'elle produit et qui lui
donnent son nom. Confusion fréquente avec Halimoine
portulacoides (Arroche
pourpière). Cette dernière, rencontrée dans des zones plus souvent
inondées par la marée, possède des feuilles opposées dans la
partie basse de la tige, alternes au-dessus. Chez la pédonculée,
toutes les feuilles sont alternes.
L'espèce est protégée sur la totalité du territoire français depuis 1982.
La renoncule de Baudot (Ranunculus baudotii)
La renoncule de Baudot se rencontre dans les mares d'eau saumâtre à l'est de la réserve.
La tige peut atteindre 1,50m de long. Les feuilles submergées sont fortement divisées et celles flottantes généralement trilobées. Les fleurs ont cinq pétales blancs, jaunes à la base. Elle fleurit de mai à septembre.
C'est une plante qui affectionne tout particulièrement les eaux saumâtres, peu profondes. On la rencontre surtout sur le littoral et dans les mares salées de Lorraine. C'est d'ailleurs là que Monsieur de Baudot, procureur du roi à Sarrebourg et aussi botaniste, l'identifia le premier vers 1840. Il donnera son nom à la plante.
La Salicorne (Salicornia europaea)
La
salicorne est une plante qui aime le sel. Vous la trouverez sur le
platier à l'est, dans les vasières, avec l'obione et aussi à
l'ouest, du côté de l'Abri côtier, sur des terrains
occasionnellement recouverts par la mer lors des marées hautes de
fort coefficient. Sur le site, deux ou trois espèces sont présentes.
La plus répandue est la salicorne d'Europe, espèce protégée au
niveau régional, dont la cueillette est strictement interdite.
C'est une plante curieuse. Les rameaux cylindriques charnus
se ramifient en une touffe, pouvant atteindre à maturité une
trentaine de centimètres. On l'appelle aussi perce pierre ou passe
pierre.
Elle est utilisé comme condiment en cuisine. Les tiges
tendres et charnues de la jeune salicorne récoltée en mai ou juin,
croquantes et salées, peuvent se consommer crues, nature ou en
vinaigrette, seules ou en salade avec d’autres ingrédients.
Toutefois, si vous souhaitez en consommer maintenant sans tomber sous
le coup de la loi, vous devrez vous en procurer en bocaux et
provenant d'autres régions que le Nord Pas-de-Calais...
La samole de Valérand (Samolus valerandi)
Petite plante discrète, la samole apparaît l'été au bord des mares asséchées mais gardant quand même un peu d'humidité, plutôt sur l'est de la réserve. Bien que légèrement halophile, elle préfère les mares qui ne sont pas régulièrement recouvertes d'eau de mer. Les fleurs blanches ont environ 3 mm de diamètre.
Elle est victime de la dégradation ou de la disparition des zones humides par eutrophisation, drainage ou comblement, mise en culture, ainsi que l'artificialisation des bords de cours d'eau. Dans certaines régions de France, elle est désormais protégée.
D'après Pline l'ancien, les Celtes utilisaient cette plante pour soigner les boeufs et les porcs. La cueillette donnait lieu à des procédés magiques. Celui qui la cueillait devait être à jeun, l’arracher de la main gauche, ne pas la regarder et ne pas la mettre ailleurs que dans l’auge où on la broyait.
"Linné et plusieurs autres botanistes ont cru que ce nom signifiait originaire de l'île de Samos, mais c'est une erreur. Le Samolus était très anciennement connu des Celtes et son nom exprime en leur langue l'usage qu'ils en faisaient : san , salutaire et mos, porc. Le Samolus, dit Pline (liv 24, chap 11), passe parmi les Gaulois pour être bon contre les maladies des porcs….. …. Le nom spécifique de Valerand est celui de Dourez Valerand, botaniste du XVIème siècle."
Le Statice à deux nervures (Limonium binervosum)
Le statice à deux nervures est un cousin de la lavande de mer. Plus petit, et aussi plus rare, il lui ressemble. Il partage avec elle, les mêmes zones, à l'est. Du premier coup d'oeil on pourrait très bien les confondre, les fleurs ayant les mêmes couleurs. Les différences sont cependant clairement affirmées lorsque l'on s'approche et que l'on s'intéresse particulièrement aux feuilles. Celles-ci sont disposées en rosette autour des tiges. Elle sont ovales, et laissent apparaître, sur la face inférieure, deux nervures de part et d'autre de la nervure centrale. De cette caractéristique provient le nom scientifique de "binervosum" (à deux nervures).
L'espèce est strictement protégée sur l'ensemble du territoire français.
Le Suéda maritime (Suaeda maritima)
Le suéda maritime (dénommé aussi soude maritime) est bien une plante caractéristique des sols salés du littoral. Vous la trouverez dans des zones recouvertes par la mer lors de grandes marées. Au platier, elle prospère sur l'arrière de la plage, à l'ouest, du côté de l'Abricôtier. On la rencontre aussi à l'est dans les vasières éloignée de la mer partiellement asséchées l'été.
De la famille des chénopodes, elle a une préférence pour les terrains riches en chlorures (sel) ou nitrates. Elle est bien adaptée à la sécheresse. En effet la présence de sel dans le sol "retient" l'eau. "La plante est obligée de se créer un milieu interne, dont la pression osmotique sera supérieure à celle du sol, d'où la richesse de ces plantes en ions sodium ou potassium."